Réponse aux raccourcis de Michel Onfray
Ce qui
est censé distinguer le chercheur ou l’intellectuel de l’homme
ordinaire, du sens commun, c’est la rigueur analytique en même temps que
le sens de la nuance. Or, l’écrivain Michel Onfray, au sujet de
l’islam, en manque manifestement.
Ce qui est censé distinguer le chercheur ou l’intellectuel de l’homme ordinaire, du sens commun, c’est la rigueur analytique en même temps que le sens de la nuance. Or, l’écrivain Michel Onfray, au sujet de l’islam, en manque manifestement. Naturellement, chacun est libre de penser ce qu’il veut de la religion ou de tout autre spiritualité ou philosophie de la vie. Aucune d’entre elles n’est à l’abri du libre droit à l’examen contradictoire et à l’investissement distancié.
Cependant, le public est en droit d’attendre d’un
auteur tel que M. Onfray, dont la parole est écoutée et les livres lus,
une critique juste et impartiale, notamment dans un contexte où les
indicateurs du racisme, sous ses diverses formes, sont au rouge foncé.
Personne ne peut désormais censément dénier le racisme anti-musulman,
quelle que soit la terminologie choisie.
Michel Onfray essentialise l’islam (1) en attribuant
au Coran, la référence utlime pour les musulmans qui y croient, une
violence intrinsèque, en prétendant que celui-ci contient par essence
des relents misogynes, antisémites, intolérants, etc. L’islam, que le
philosophe réduit au seul Coran omettant sciemment ou non toutes les
autres traditions associées, n’est pas désincarné ; il n’évolue pas dans
le ciel abstrait des Idées ; ce n’est pas « un
surdéterminant-indéterminé ».
Bien au contraire, l’islam et le Coran sont incarnés
et véhiculés par des groupes sociaux, par des individus, dans des
organisations, des institutions et des pays marqués par une diversité
abyssale, d’ailleurs souvent traversés par de profonds clivages, luttes
internes et conflits d’interprétation. De quel islam parle-t-il donc au
juste ? L’islam des taliban, l’islam d’al-Qaïda, l’islam du parti AK
(Justice et Développement) du 1er ministre turc Erdogan, l’islam des
Frères musulmans, l’islam des islamistes, l’islam d’Averroès (Ibn
Rushd), etc.
En fait, comble de l’ironie, par une ruse dont
l’Esprit a le secret, M. Onfray, par ses propos incertains sur la
religion musulmane, est le meilleur avocat et allié des islamistes les
plus radicaux, lesquels ont exactement la même interprétation de l’islam
que lui. Le philosophe français explique au fond l’essence de l’islam à
partir de ses périphéries les plus bruyantes et les plus extrêmes.
C’est un biais de la réflexion dont, par sa qualité, il devrait être
prémuni.
Dans toute approche du fait
religieux, trois précautions méthodologiques doivent accompagner le
chercheur oul’ intellectuel : l’examen du ou des textes, le contexte,
ainsi que les prétextes invoqués par ceux qui prétendent agir au nom de
telle ou telle religion. Aussi, en se comportant ainsi, M. Onfray ne
rend service ni à sa profession, ni au débat, ni à ses concitoyens.
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