La charte de la laïcité à l'école, présentée ce lundi par le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon, a été saluée par la majorité du corps enseignant. Mais certaines institutions religieuses, comme le CFCM, la jugent stigmatisante.
Sans surprise, elle n’a pas vraiment plu aux religieux. La charte de la laïcité à l’école dévoilée lundi 9 septembre par Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation nationale, a été saluée par la communauté éducative - parfois démunie face aux replis communautaires -, mais jugée stigmatisante par certaines institutions religieuses.
Vincent Peillon, pourtant, voulait faire passer le massage inverse : la laïcité est "un combat, non pas contre certains, mais pour tous, pour ce qui rassemble et doit rassembler tout le monde", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie dans un lycée de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Jugeant la laïcité "mal connue", il a regretté que certains "croient que la laïcité, c'est d'abord de l'interdit" alors que "la laïcité, c'est ce qui nous permet de coexister librement, ensemble", a-t-il souligné.
Éviter le prosélytisme
Pour mieux comprendre, la charte explicite en quinze points les grands principes de la laïcité (liberté de conscience, séparation des religions et de l' État) et est censée protéger les élèves de tout prosélytisme. Concrètement, elle rappelle que les personnels ont un devoir de neutralité et que le port de signes religieux ostentatoires est interdit. "Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme", ajoute la charte.
En théorie donc, cette charte devrait mettre un point final aux polémiques autour de cours de biologie abordant la reproduction ou la théorie de l'évolution, ou en cours d’histoire sur la naissance des religions ou la Shoah.
"Enfin !" a résumé le syndicat d'enseignants Snalc (droite). "Un "rappel salutaire", a renchéri l'Unsa (gauche). La Fep-CFDT, qui représente les professeurs du privé, a même demandé que la charte soit affichée jusque dans les établissements confessionnels. La charte élude pourtant certains sujets épineux : les menus de la cantine, les jours de fêtes religieuses, l'assiduité aux cours notamment de sport, regrette de son côté la Peep, autre fédération de parents.
"90 % des musulmans vont avoir l'impression d'être visés"
Du côté des responsables religieux, l'enthousiasme était plus mesuré. Bien que Vincent Peillon ait mis en garde contre toute "obsession de l'islam", le Conseil français du culte musulman (CFCM) a regretté certaines "allusions". "Pourquoi faire un rappel à la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires à l'école? Ou à l'égalité fille-garçon?" s'est interrogé son président, Dalil Boubakeur. "90 % des musulmans vont avoir l'impression d'être visés par cette charte, alors que, dans 99 % des cas, ils ne posent aucun problème à la laïcité", a-t-il estimé.
"Pour une laïcité paisible", l'Église catholique s'est bornée à souhaiter "que le rôle des religions soit perçu positivement". De leur côté, les évangéliques, très critiques des théories de l'évolution, affirment craindre que le texte n'empiète sur "la liberté des parents de transmettre leurs convictions à leurs enfants".
"Gesticulation médiatique"
Dans la sphère politique, les avis étaient partagés. Si l'UDI a évoqué un "bon texte" qui "évite les pièges principaux", le Parti de Gauche n'y a vu qu'un "gadget " et le Front national une "gesticulation médiatique". Même discordance au sein de l'UMP : le député Jacques Myard a "approuvé une initiative", qui "tente de ramener la sérénité dans la vie scolaire", mais le secrétaire général adjoint du parti, Didier Geoffroy, a ironisé sur "un texte vague et creux".
Parallèlement à la présentation de la charte de la laïcité, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a annoncé qu'il allait saisir le Conseil d'État pour obtenir des "clarifications" sur l'application du principe de laïcité qui impose une stricte neutralité à tous les agents de l'État.
"Il est urgent de préciser la règle du jeu" pour les "collaborateurs bénévoles ou occasionnels du service public" (notamment les mères qui accompagnent les enfants lors de sorties scolaires ou les jurés d'assises) et pour "les salariés du privé agissant en lien avec les pouvoirs publics" (employés de crèche privée notamment), a-t-il jugé.
http://www.france24.com/fr/20130909-charte-laicite-ecole-religieux-cfcm-musulmans-syndicat-peillon
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